samedi 17 février 2018

Raoul Hausmann / Safari au parc Montsouris

 
Le revers du collage 
A creuser à ce point les dessins de mon incommensurable ami Raoul 
Hausman, non seulement je me suis introduit dans son intimité la plus intime, mais j’en suis revenu avec un angle de pénétration particulier du métier de collagiste.

Maniaque de la précision, un jour, je découpais au cutter des scènes  torrides dessinées par le père autoproclamé du collage Dada, reproduites dans un catalogue de vente de sa succession à Drouot-Richelieu en février 2010.

Dans cette publication, en mauvais état, tachée et gondolée par l’humidité, achetée malgré tout 10 euros au marché aux puces de la porte de Vanves, il y avait entre autre en effet des reproductions rarissimes de dessins, à la limite du gynécologique, du maître à coller, datant des années 30-40.

L’époque à laquelle le dandy Dada au monocle cyclopéen s’était réfugié en France, dans la région de Limoges. A Peyrat-le-Chateau plus précisément, chez la très belle Marthe Prévost, qu’il dévorait des yeux, de l’objectif et du crayon.

Il s’y représentait en étalon à corps d’homme bien bâti qu’il était, doté d’un membre à mi-chemin entre l’humain et le chevalin, s’apprêtant à pénétrer une vulve ouverte sans vergogne au mythologique coup du chat-pot.

En position, à ma table de dissection, je suivais fidèlement  les moindres frémissements de son crayon, découpais scrupuleusement le long de ses lignes et ses hésitations, saisissais la précision et l’exactitude de la représentation : de l’extension du gros orteil, à la langueur du relâchement des bras et des mains, au visage extatique de la pouliche sacrifiée sur une table de cuisine.

Je me suis vu dans la même posture que Walter Benjamin photographié par Gisèle Freund en 1937 à Paris, à la Bibliothèque Nationale.

Penché sur plusieurs livres ouverts devant lui sur la table de la salle de lecture, il tient à la main un stylo qui lui permet de noter dans ses carnets des prélèvements de textes. C’est-à-dire des citations dont il dit qu’elles sont dans son travail « comme des voleurs de grands chemins qui surgissent en armes et dépouillent le promeneur de ses convictions ».

Courbé de la même manière sur les dessins de Raoul Hausmann et armé d’un cutter, je procède moi aussi à des prélèvements de citations. Les scènes d’amour Hausmaniennes ou tout autre fragment visuel, sont ainsi passés au tamis de l’œil et au fil de la lame, pour  être dépouillés de leur studium et ponctum.

Dans cette méthode de travail je m’efforce généralement de prélever l’élément citant sollicité en préservant les contours du lieu d’extraction, quand cela est possible, car il peut servir lui aussi ailleurs, mais en creux. C’est le revers du collage.



Alain Chémali

dimanche 3 décembre 2017

Le cahier «L’Herne Michon» / L'auberge Ravoux


Pour lire le cahier de l’Herne consacré à Pierre Michon, il faut d’abord le dompter. Physiquement s’entend. C’est-à-dire qu’il faut déjà ouvrir l’ouvrage grand format, en papier et caractères particuliers, qui lui donnent son caractère si charnel. Sans avoir peur de le casser, même si cela peut arriver, comme c’est le cas pour mon exemplaire, car le dos est suffisamment encollé pour empêcher les pages de s’évader.
Ensuite il faut caresser les pages, les écarter un peu partout, en se familiarisant au passage avec les titres et auteurs des contributions. Il faut insister de la paume sur le milieu, caresser en appuyant de manière à forcer gentiment l’ouverture, car le bestiau est retors. Il est réfractaire à l’ouverture et à la lecture, et tend sans cesse à se refermer. Alors il faut se montrer plus tendre tout en restant aussi ferme en même temps. Une opération à répéter plusieurs fois par jour, s’il le faut.
C’est ainsi qu’à force de caresses, le cahier commence à dévoiler ses textes. Et là, c’est le bonheur, c'est l’écriture elle-même qui se livre. C'est là qu'on commence à saisir la méthode, unique et universelle, de Michon. On comprend pourquoi son écriture est si enivrante, si vertigineuse et si contagieuse. Pourquoi elle nous plaît tant à nous autres qui l’aimons.
Car c’est de cela qu’il s’agit. Plaire en jouant avec les mots, les phrases et le lecteur, comme un chat cruel joue avec une souris quand il la laisse filer et la rattrape. Comme un couple d’amants amoureux à mort joue à celui qui tuera l’autre, de joie... mais de souffrance aussi.
Sans son lecteur avec lequel il s’adonne à ce jeu, Michon ne serait qu’un micheton. Sa force, son art, sa haute performance, c’est qu’il joue à merveille. Il a d’ailleurs le formidable bon goût, dans tous les textes et entretiens inédits du cahier, de nous dire comment il fait. D’où viennent les pouvoirs ensorcelants de ses Vies minuscules, sa Grande Beune, son Rimbaud le fils etc...
Il s’agit là d’une consécration plus importante encore que celle de l’entrée dans La Pléiade. Le jour où «Pierrot» se glissera sous la couverture de cuir, dorée à la feuille, sera celui de l’érection d’un des plus importants mausolées de la littérature.

PS : à Didier Jacob qui lui demandait : «Qu’est ce qui rend la phrase parfaite ?», Pierre Michon a répondu :
«Son aloi. L’aloi, chez les anciens, chez Villon par exemple, c’est le bruit que fait une pièce en tombant sur le comptoir. On entend de quel alliage elle est faite. On entend si c’est une bonne pièce ou une mauvaise. Il y a un aloi pour la littérature. Je l’entends. Tout de suite. Si la phrase est écrite, elle est versée à mon compte sur l’éternité».

PS : Pourquoi le collage "La nuit étoilée à l'auberge Ravoux" ? Simple concomitance et Pierre Michon aurait parfaitement pu y séjourner si je l'avais collé un autre jour.

dimanche 16 avril 2017

Jeu de hasard 2 / Tric trac ou échecs

Tric-trac ou Chatrange
Joueurs d’échecs capturés dans le bazar de Téhéran et joueurs de Backgammon saisis à la Place des canons à Beyrouth,  ces deux photos mises en résonance m’ont toujours inspiré l’idée que dans cette différence résidait, entre autres, celle entre Perses et Arabes, même si c’est une idée fausse.
A priori, on est tenté de croire que ceux qui déplacent les pions sur un échiquier sont plus intelligents, en tout cas plus actifs, que ceux qui ne font que jeter les dés sur une table de tric-trac.
Jouer aux échecs, cela demande réflexion, concentration, prévision, anticipation, tandis qu’au tric-trac, on jette les dés, on constate le résultat et on l’applique avec les jetons sur la tawlé.
Bien sûr, les infatigables accrocs du lancé du Al Zahr (hasard), vont vociférer et expliquer que les dés ne font pas tout. Il faut aussi du savoir faire, une connaissance de la tawla (table) de jeu, sans doute de la souplesse dans le poignet, mais surtout une bonne dose d’anticipation sur le hasard même.
De leur côté, les accoutumés au jeu du chatranje et son impitoyable échec et mat (el Cheikh Mat, le cheikh est mort), vont toujours se sentir supérieurs parce qu’ils ne se contentent pas de jeter les dés au petit bonheur la chance. Ils jouent, eux, avec leur matière grise.
Ils réfléchissent, pensent, calculent de nombreux coups d’avance, élaborent plusieurs tactiques et envisagent les parades qui peuvent leur être opposées.
Bref, vous l’aurez compris, une opposition entre mûre réflexion et pulsion hasardeuse. Il y a sans doute une part de vrai dans tout ça, mais une part de faux aussi. Parce que dans les deux jeux, il y a une dimension psychique, voire métapsychique, qui n’apparaît pas dans ce qui précède.
La part de désinvolture, qu’on met à secouer et lancer les dés ou à déplacer les pions, est pour une grande part déterminante pour l’issue de la partie. Une règle fondamentale depuis que le jeu est jeu.

PS: Collage virtuel de circonstance 



dimanche 2 avril 2017

Jeu de hasard 1 / La fleur du mal / Mallarmé


Coller, c'est émettre un coup de dés

A SaBy.

Le seul moyen que j'ai trouvé, pour répondre à une délicieuse injonction de renouer avec mon blog, a été de me raccrocher à la plus délirante et la plus affligeante campagne électorale qu'il m'ait été donné de voir à ce jour. Celle de la bataille présidentielle de 2017.

Quelque soit l'évolution erratique de la chose, sondages, casseroles ou parjures, ou encore chaos, guerre civile ou assassinat politique, ces choses immondes et dégradantes évoquées (ou invoquées, je ne sais) par certains candidats dans leur folle soif de pouvoir, on peut dire une seule chose de manière à peu près certaine: les dés sont jetés.

Ils sont lancés et roulent inexorablement, nous aspirant dans leur sillage vers un résultat très aléatoire, celui de la part du hasard. Adepte de Mallarmé et de Deleuze, je reprends à mon compte l'idée que "penser, c'est émettre un coup de dés", en y ajoutant celle du vieil adage, tant de fois vérifié, selon lequel "le hasard fait bien les choses". 

Bien, pour la seule raison qu'une fois les dés lancés, la main de l'homme n'y peut plus rien. Elle n'a plus prise sur la suite des événements, car c'est justement la part du hasard qui prend le relais. Ce sont les dés (Az Zahr) eux-mêmes, de la manière dont ils se disposent en retombant, qui décident de l'avenir.

Et quand bien même auraient-ils été lancés depuis Bagdad ou Beyrouth, depuis Damas ou Téhéran, c'est à dire "du fond du naufrage" ou du grand trou noir planétaire, ils n'aboliront jamais le hasard, cette part qui leur est inhérente.  

Aussi vrai que coller, c'est aussi émettre un coup de dés, et que c'est cela qui a permis l'éclosion de cette fleur du mal.

                                                                                                                   (A suivre)

samedi 28 novembre 2015

Exposition / Galerie Atelier 41




« Histoires d’Orient, d’amour et autres fredaines »


Au terme d’exposition, j’ai toujours préféré, et souvent confondu avec, celui d’explosition. Sinon comment expliquer ou comprendre ces éclaboussures de collages, suspendues comme du linge intime en public, au vu et au su de tous, au va et vient de tout un chacun, dans la galerie du cinéma Sept Parnassiens.
Pouvait-on rêver meilleur endroit qu’un passage pour s’exposer ? Surtout lorsqu’il relie le boulevard du Montparnasse à la rue Delambre, avec en son milieu la très accueillante Galerie Atelier 41.

Une charmante maison d’artisan encadreur, tenue de main de maître par la pétillante Anne aux yeux et sourire malicieux, à laquelle fait face un snack libanais. Ça ne pouvait pas s’inventer.

Celles et ceux qui emprunteront ce passage, du 1er au 15 décembre 2015, pourront découvrir dans sa vitrine des Histoires d’Orient, d’amour et autres fredaines, des rêveries au Parc Montsouris, le jardin de la sagesse, les vacances de Daphné à la mer et les errances de la Vénus, sur terre, en mer ou dans les airs.

Des collages effectués à des périodes différentes, mêlant états d’âmes et actualité en une parfaite thérapie des premiers contre les dégâts de la seconde.


98 Boulevard du Montparnasse
75014 Paris




dimanche 3 mai 2015

Collage / Bosch / Botticelli


Balade Boschticellienne

Si les grandes et petites puissances et leurs sociétés continuent à se comporter comme elles le font, c'est aux visions de Jérôme Bosch et Pieter Bruegel qu'elles vont renvoyer la planète toute entière. Quelle différence y a-t-il entre "Le triomphe de la mort" et la situation prévalant, depuis quelques temps maintenant, en Irak et en Syrie, pour ne citer que ce misérable exemple?

Et quand je dis visions, c'est celles de la prescience qu'ont eu des situations ces deux héros de la représentation du monde autant réel que fantasmé que je parle. Ils sortaient quasiment de ce que l'on a coutume d'appeler Moyen-âge, qui avait forgé tout leur imaginaire, pour justement en générer un autre.

Un imaginaire qui nous est désormais connu grâce à leur travail, et qui, par la magie de la reproductibilité technique, s'est répandu partout sur la planète, y compris par les réseaux sociaux, pour quiconque aime à se promener et caresser des yeux l'héritage pictural de nos frères humains qui avant nous vivaient. J'ai découvert récemment comment cette peinture, incontournable pour comprendre le système nerveux et son interaction universelle, agissait indépendamment de la chronologie de l'histoire classique. 

Le tableau cinématographique d'Alexeï Guerman, "Il est difficile d'être un dieu", chef d’œuvre en noir et blanc sorti post mortem en 2015, est en la matière la preuve même d'une interaction entre les arts et les hommes, par delà les dimensions spatiales et temporelles communément admises. Il a réussi à reproduire sur pellicule un univers en totale adhésion et harmonie avec les toiles très colorées des maîtres ès Paradis et Enfer réunis. 

Des génies de la retranscription du religieux et de l'athéisme, du conscient et de l'inconscient sur un même plan, dans une sorte de saisissement cathartique du mode de fonctionnement des êtres humains sur la croûte terrestre. Un comportement résumable, pour la faire courte, à une formule quasi primitive "les gros poissons mangent les petits".

Des leçons d'art et de savoir qu'ils nous ont transmises et pour lesquelles nous leur sommes toujours redevables, car ils nous ont fourni par la même occasion les outils pour saisir à notre tour ce qui se passe dans le monde, plus de cinq siècles plus tard.

Actuellement, les habitants de la terre sont littéralement projetés dans une succession de ces tableaux d'avant la grande résurgence de l'antiquité dans la renaissance. Des œuvres qui retracent notre itinéraire depuis l'apparition de l'homme sous la forme ludique et lubrique de la création d'Adam et Eve, jusqu'à sa chute vertigineuse dans les affres d'une interminable et infernale fin de monde.

C'est le refus d'intégrer leurs leçons qui a régénéré cette phase fangeuse de l'histoire de l'humanité. Et dans cet océan d'analphabétisme qui gagne seuls survivent ceux qui font mauvais usage de précédents historiques qu'on croyait engloutis dans les flammes du "Jugement dernier" ou emportés dans "La chute des anges rebelles" dès lors qu'ils nous ont été révélés. 

Il semble bien que nous ne soyons jamais sortis de cet âge car les œuvres de Bosch et Bruegel ont ceci d'exceptionnel qu'elles témoignent d'un passé en même temps qu'elles prédisent un avenir, sans cesse en train d'advenir, que nous n'avons pas su éviter. Une sorte de retour vers le futur raté.


vendredi 19 décembre 2014

Twitter v/s Blog / Journalisme

 Profession journaliste
Un peu comme Newton sous son pommier (merci Gotlib) ou Archimède dans sa baignoire (merci Jacob Delafon) j'ai compris une chose, par ces temps modernes au grand galop, grâce à Twitter.
A force d'en arpenter les conduits et arborescences rizhom@tiques, il m'est apparu clairement que l'information pouvait être puisée partout sur la planète en temps réel et à des sources aussi variées qu'inépuisables. On y trouve les agences de presse internationales, les grands et petits quotidiens nationaux du monde entier, toutes sortes d'agences et d'organes de presse télé ou audiovisuels et leurs ramifications en blogs et sous-blogs. A cela s'ajoutent les comptes personnels de journalistes des quatre coins de la planète et ceux d'individus ayant des informations à donner de l'intérieur sur tel ou tel conflit, tel ou tel événement.
Jamais auparavant, une entreprise de presse n'aurait pu espérer disposer d'une telle diversité de sources d'informations sur l'état du monde tel qu'il va de Mexico à Karachi, de Los Angeles à Pyongyang ou de Kornet Chehwan à Dyarbakir.
Cela donne une nouvelle dimension au métier de journaliste, mais le principe actif en reste le même : chercher la perle dans le magma, en vérifier l'authenticité et la faire circuler. Le reste est affaire de crédibilité.
C'est ma désertion ces derniers temps du blog au profit de Twitter qui m'a fait prendre conscience que, tout comme la Poésie et le Collage, le Journalisme doit être fait par tous.

dimanche 1 juin 2014

La folie (d'écrire) en tête / Pierre Michon


A l'occasion du Temps des cerises

Comme nous nous fabriquons nous-mêmes le dragon intérieur qui finit par nous dévorer, je me dois de nourrir ce blog qui crève la dalle depuis un moment.
Retour à la case Folie en tête devant l'entêtement des hommes à la téter à tue tête. C'est la lecture de "Fie toi à ce signe" de Pierre Michon réédité par Verdier qui m'y a ramené. J'ai retrouvé dans ce texte qui retrace le cheminement de l'âme d'un peintre, la même intersection que je fréquentais à l'époque de la Butte aux cailles. Celle là même où je courrais après la mienne et où elle m'est apparue un jour, se faufilant entre les ordures au coin de la rue la Providence et la rue de l'Espérance.
Depuis, je suis guéri de la folie des hommes et lui préfère de loin celle des femmes.

dimanche 2 février 2014

Obama / Femen / Deraa


La nouvelle Jésuralem 

Un dimanche d'hiver ensoleillé, faisant comme toujours et à chaque instant le bilan de mon existence, j'ai dressé un rapide décompte des choses qui ont ébloui mon esprit depuis qu'on est au XXI° siècle. Il y en a trois qui se sont rapidement et clairement imposées à mes yeux. 
La première est l'élection de Barack Obama, un noir américain de culture chrétienne et musulmane s'inspirant de Mandela et de Gandhi, à la présidence des États Unis. Pour un pays où l'on pratiquait l'apartheid on peut dire qu'un pas de géant a été mentalement franchi.
La deuxième est l'apparition des Femen avec l'ukrainienne Inna Shevchenko à leur tête. En se servant de leurs seins nus avec des choses écrites dessus elles ont fait faire un grand bond en avant à la lutte des femmes. Elles rendent désormais inévitable une libération des femmes arabes, africaines, indiennes, et toutes celles dont on ne parle jamais.
La troisième enfin est l'incommensurable courage des syriens à s'être soulevés après l'épisode terrifiant des enfants de Deraa. Une volonté farouche de liberté dont n'ont pas su faire preuve à ce jour les iraniens, les chinois ou les coréens. Les russes l'ont eu avec Gorbatchev mais on sait ce que cela est devenu avec Poutine.
On se donne les raisons d'espérer qu'on peut. 

dimanche 22 décembre 2013

SELFIE / AUTOPORTRAIT


La défense du Selfie (même si le mot est moche)...
...ou le Selfie comme auto-therapy par les temps qui courent sur la planète.

Dans cet interminable "état incertain" entre un monde ancien qui n'en finit pas d'agoniser et un monde nouveau entré dans une accélération effrénée, l'individu se trouve aujourd'hui de plus en plus écartelé. Il oscille entre s'accrocher au temps tel qu'il est passé, un temps connu et rassurant parce que déjà vu, ou se laisser aspirer par la vitesse d'écoulement du temps en train d'arriver. Mis face à un choix impossible, il ne lui restait plus qu'à se tourner vers lui même pour essayer de trouver une réponse, et c'est le Selfie. Mais a-t-il jamais existé une époque où l'on ne le pratiquait pas, en sculpture, peinture, photographie ou tout simplement écriture. La démarche est en tout cas saine car il n'est de meilleure auto-thérapie que l'autoportrait.