dimanche 22 décembre 2013

SELFIE / AUTOPORTRAIT


La défense du Selfie (même si le mot est moche)...
...ou le Selfie comme auto-therapy par les temps qui courent sur la planète.

Dans cet interminable "état incertain" entre un monde ancien qui n'en finit pas d'agoniser et un monde nouveau entré dans une accélération effrénée, l'individu se trouve aujourd'hui de plus en plus écartelé. Il oscille entre s'accrocher au temps tel qu'il est passé, un temps connu et rassurant parce que déjà vu, ou se laisser aspirer par la vitesse d'écoulement du temps en train d'arriver. Mis face à un choix impossible, il ne lui restait plus qu'à se tourner vers lui même pour essayer de trouver une réponse, et c'est le Selfie. Mais a-t-il jamais existé une époque où l'on ne le pratiquait pas, en sculpture, peinture, photographie ou tout simplement écriture. La démarche est en tout cas saine car il n'est de meilleure auto-thérapie que l'autoportrait.


dimanche 8 septembre 2013

Visa pour l'image/Don McCullin

 
Viva la muerte 2
Joao Silva (qui expose aussi à Perpignan - et a perdu ses deux jambes en 2010 en sautant sur une mine antipersonnel) explique qu’en revoyant les images qu’il a prises, il se surprend à constater qu’elles «ne correspondent pas toujours au souvenir d’un moment précis». En est-il de même pour vous ?
Hélas non. Comment pourrais-je un jour oublier le tremblement de ces deux prisonniers au Biafra juste avant d’être abattus sous mes yeux et ceux de Gilles Caron ? Ou ce petit Biafrais albinos venu me tenir la main et dont je savais qu’il n’avait aucun espoir de survie ? En soi, photographier le drame, la détresse, techniquement ce n’est pas très compliqué. Mais croyez-moi, j’ai payé un prix terrible pour ça et vous ne pourrez jamais imaginer à quel point toute ma vie j’ai dû lutter avec ma conscience : on ne se fait pas un nom, non plus qu’on n’obtient des récompenses, impunément, quand c’est en montrant la souffrance des autres. Mais il me fallait porter ces images à la connaissance des gens, dont le respect et l’attention me touchent lorsqu’ils les regardent dans un endroit comme celui-ci, majestueux et solennel…
                                                  Don McCullin / Libération 07/09/13

mercredi 19 juin 2013

Maurice Nadeau / Le grand dénicheur des lettres



  La Quinzaine littéraire

Inévitable de rendre ici à Maurice Nadeau ce qui lui revient : ma dette envers sa "Quinzaine Littéraire". Ce bimensuel au rythme de parution improbable, duquel je me suis nourri durant des années. Abonné très fidèle, comme je sais l’être quand il le faut, j’ai vu défiler dans les pages de cette revue, qu’il avait créée et pilotée dès 1966, tous les auteurs dont il traitait et que je continue de fréquenter, tant ses choix éditoriaux correspondaient le plus souvent aux miens.
Des années durant je me suis rendu au 43 rue du temple où je gravissais, avec les  palpitations du vice impuni,  les marches menant jusqu’à la rédaction. Des locaux exigus et hantés comme une survivance du XIX° siècle en plein XX°, où il fallait se faufiler entre tables et empilements de cartons et livres. J’y allais pour acheter par paires les grandes reliures bordeaux, avec imprimé sur la tranche, en caractères dorés tout aussi improbables, le titre pour lequel il s’est battu jusqu’au dernier souffle. Sur place, une collaboratrice enveloppait soigneusement les reliures dans du papier Kraft, qu’elle fermait  avec du papier collant (pas du scotch) et attachait avec de la ficelle. Sans oublier les tiges métalliques qu’il fallait insérer entre les pages centrales de chaque numéro et fixer dans un support prévu à cet usage pour les rassembler en un volume par année.
A mesure que le temps passait, la collection prenait de l’ampleur et occupait un espace tel que j’ai dû m’en séparer en l’offrant à un libraire éditeur basé dans le XIII° arrondissement avant son embourgeoisement Rue Racine.
J’en ai gardé quelques numéros spéciaux ou fétiches sur Walter Benjamin, Georges Bataille, Edmond Jabès, Fernando Pessoa, Joseph Brodsky,  voire Michel Seurat (mort en détention au Liban) ou plus récemment Benjamin Fondane.

lundi 13 mai 2013

The Uprising of Femen in the arab world


 Le soleil des FEMEN réveille les morts

Le collage peut être défini comme la combinaison de matériaux verbaux ou visuels préexistants. 
Le collage met en question de manière directe les frontières de la culture et de l'art. 
Il peut donc avoir une triple fonction d'attestation du réel, de critique institutionnelle et de production imaginative. 
Le collage brasse des matériaux anonymes et peut passer pour une poésie faite par tous.
                                                               Michel Murat Le surréalisme inédit Livre de poche

mardi 9 avril 2013

Les Femen sont l'avenir de l'humanité...


... et la nouvelle Eve, 
Inna Shevchenko, est leur prophétesse.

Pour saluer le courage de ces guerrières aux seins nus*
qui osent braver le cordon sanitaire de Vladimir Poutine en lui criant
" fuck dictator ", 
alors que les plus grands de ce monde 
n'osent même pas lui dire que sa démocratie est frelatée.
Pour admirer leur solidarité avec 
le soulèvement des femmes dans le monde arabe.
Pour les remercier  enfin de mettre un peu de fleurs dans ce monde de brutes.

* Arme non létale

lundi 25 mars 2013

La coquille / Moustafa Khalifé


Plus jamais ça !

Au delà des sciences dites humaines, il existe une science de l'homme dont nul ne peut se passer et que, plus encore que la loi, nul n'est censé ignorer. Relative à l'instinct prédateur de l'être humain, cette science pouvait s'étudier jusque là dans les deux ouvrages essentiels, incontournables et indispensables, que sont "Si c'est un homme" de Primo Levi et "L'espèce humaine" de Robert Antelme. 
Désormais il y a un nouveau venu dans cette bibliographie sur la fécondité du ventre d'où a surgi la bête immonde, "La coquille" de Moustafa Khalifé. Paru en 2007 sous le titre original d'Al qawqa'a et traduit en français aux éditions Sindbad / Actes Sud, j'avais opté pour la solution de facilité d'éviter la lecture de ce récit d'un prisonnier politique en Syrie, pour la simple raison que j'avais déjà recueilli de la bouche d'un ancien détenu un témoignage similaire dont le seul souvenir reste encore, des années après, très douloureux. 
Pourtant, il y a quelques jours, en réponse à mon salut, un ami n'avait réussi à articuler qu'un seul mot, "La coquille", me poussant à y aller voir. On n'en ressort pas le même.
Il y a urgence humanitaire et politique à lire et faire circuler cet ouvrage car il appartient au seul cri qu'un homme puisse et doive opposer au cauchemar de l'histoire, "Plus jamais ça!".

vendredi 8 mars 2013

8 Mars / Journée internationale des femmes

Femen arabes et iraniennes

Du levant au couchant, debouts et en marche vers ce qu'elles sont, c'est à dire l'avenir de l'homme, qui mieux que les grand(e)s nu(e)s de Helmut Newton, assortis des visages de ces filles des Lumières que sont Joumana Haddad, Golshifteh Farahani, Aliaa Magda Elmahdy ou Haïfaa al-Mansour, (et la liste n'est pas exhaustive), pouvaient incarner le soulèvement des femmes dans le monde arabe, iranien et israélien. 
Elles rejoignent ainsi la vague impétueuse et fleurie venue de l'Est avec pour mot d'ordre "l'Ukraine n'est pas un bordel" (où, soit dit en passant, les maquereaux du Proche Orient et du Golfe viennent faire leur marché de chair blonde et fraîche)
En se servant de leurs seins comme d'une arme Inna Chevtchenko et ses copines ont en effet engagé un combat planétaire contre l'idéologie obscurantiste et hypocrite du "cachez ce sein que je ne saurais voir" pour redonner à la femme sa véritable dimension, celle de la moitié du ciel.  

dimanche 3 mars 2013

DSK / Marcela Iacub


Note de lecture sur "Belle et bête"

Pour contribuer au débat sans fond ouvert par la publication des cent vingt pages consacrées à une histoire d'ébats "en ne couchant pas" comme l'écrit l'auteure elle-même, la seule chose qui me soit venue à l'esprit est le texte d'Antonin Artaud, paru dans le Pèse-nerfs en 1925 sous le titre extra lucide 
 "Toute l'écriture est de la cochonnerie"
Si vous ne disposez pas de l'indispensable clé de voûte de toute bibliothèque s'intéressant peu ou prou à l'écriture de la folie, Artaud Œuvres, Quarto Gallimard, ci-joint le lien du texte en question.


vendredi 15 février 2013

The uprising of women in the arab world


Le soulèvement de la femme dans le monde arabe 

Elle a presque le visage de Joumana Haddad, qui, avec "Superman est arabe", monte au combat en première ligne contre les enturbannés, les ensoutanés et les empapillotés . 
Elle a le corps de Aliaa Magda Elmahdy, la première Femen Arabe. 
Elle a à ses pieds les tulipes de Lamia Ziadé qui pave de fleurs la voie de la nouvelle Eve Arabe. 
Elle pourrait être aussi Haïfaa Al-Mansour, la première cinéaste saoudienne, qui réalise avec "Wadjda"* l'équivalent d'un Cuirassé Potemkine pour le royaume Wahhabite.
C'est ainsi que la dialectique du collage permet de visualiser le ferment de la vraie révolution en cours chez les peuples maniant la langue du Dâd.

* Détail merveilleux, l'actrice dans le rôle de la fillette qui s'acharne à obtenir un vélo s'appelle Wa3ed Mohamed. Un nom prémonitoire pour le cinéma en Arabie Saoudite.    

mardi 12 février 2013

dimanche 3 février 2013

Michel Sleiman / Un président citoyen ?


On peut rêver !

Serait-il possible de parler d'un frémissement neuronal au pays des cèdres ? Un espoir luirait-il au fond du tunnel obscurantiste libanais ? Sans doute l'éclat des décorations du général-président, Michel Sleiman, qui s'avère avoir la stature d'un homme d'Etat en regard à ses inoubliables prédecesseurs.
Même si une nouvelle brèche sécuritaire s'est ouverte à Ersal, il a, semble-t-il, réussi jusque-là à manoeuvrer suffisamment habilement pour éviter les écueils Tripolitain, Saïdawite et autres attentats, qui auraient dû normalement faire déraper le pays dans le bain de sang inter communautaire dont certains crétins menacent encore.
Plus fort encore, il ose toucher aux racines du mal libanais en cherchant à légaliser le mariage civil.
Comment ne pas bénir son sabre si c'est pour abattre le goupillon !
Si la jeunesse libanaise veut enfin accéder à sa modernité, jouir sans entraves de sa liberté, elle ne doit pas rater cette occasion de neutraliser la capacité de nuisance des ensoutannés et enturbanés. Ils seraient capables de sonner l'hallali pour sauvegarder leur fond de commerce. Il faut tordre le cou à la religion pour laisser les individus gérer enfin leur existence, de la naissance à la mort, en passant par la circoncision, la fornication, le mariage, la procréation et la séparation (le cas échéant), sans avoir à cracher au bassinet.