La Quinzaine littéraire
Inévitable de rendre ici à
Maurice Nadeau ce qui lui revient : ma dette envers sa "Quinzaine Littéraire". Ce bimensuel au rythme de parution improbable, duquel je me suis
nourri durant des années. Abonné très fidèle, comme je sais l’être quand il le
faut, j’ai vu défiler dans les pages de cette revue, qu’il avait créée et
pilotée dès 1966, tous les auteurs dont il traitait et que je continue de
fréquenter, tant ses choix éditoriaux correspondaient le plus souvent aux
miens.
Des années durant je me suis
rendu au 43 rue du temple où je gravissais, avec les
palpitations du vice impuni, les marches
menant jusqu’à la rédaction. Des locaux exigus et hantés comme une survivance du XIX° siècle en plein XX°, où il fallait se faufiler entre
tables et empilements de cartons et livres. J’y allais pour acheter par paires les grandes reliures bordeaux, avec imprimé sur la tranche, en
caractères dorés tout aussi improbables, le titre pour lequel il s’est battu
jusqu’au dernier souffle. Sur place, une collaboratrice enveloppait
soigneusement les reliures dans du papier Kraft, qu’elle fermait avec du papier collant (pas du scotch) et attachait avec de la ficelle.
Sans oublier les tiges métalliques qu’il fallait insérer entre les pages centrales
de chaque numéro et fixer dans un support prévu à cet usage pour les
rassembler en un volume par année.
A mesure que le temps passait, la
collection prenait de l’ampleur et occupait un espace tel que j’ai dû m’en
séparer en l’offrant à un libraire éditeur basé dans le XIII° arrondissement
avant son embourgeoisement Rue Racine.
J’en ai gardé quelques numéros
spéciaux ou fétiches sur Walter Benjamin, Georges Bataille, Edmond Jabès,
Fernando Pessoa, Joseph Brodsky, voire
Michel Seurat (mort en détention au Liban) ou plus récemment Benjamin Fondane.
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