lundi 21 novembre 2011

Aliaa Magda Elmahdy / Printemps arabe 8


Pour accompagner la relance égyptienne
qui rattrape le temps perdu en faisant Mai 68
dans la foulée de 89...1789 Alf mabrouk

Son nom même la prédestinait à devenir la première et vraie icône «vivante» du printemps arabe. Alia signifiant élevée, Magda la glorieuse et al Mahdi tout autant « le bien guidé » que le messie, elle ne pouvait qu’illuminer de sa beauté le tunnel noir rouge de sang d’une saison virant au cauchemar.
C’est elle qui donne visage et corps, combien magnifiques, à une éclosion que plus personne n’attendait, celle d’une révolution sexuelle dans la révolution. Car sans la liberté de jouir « sans entraves » le processus révolutionnaire ne sera pas inachevé mais confisqué.
Et cela Alia l’a bien compris du haut de son nom, de la pureté de sa jeunesse et de sa soif de vivre. Elle évoque dans son message les modèles qui posaient nus au début des années 70, ces mêmes années (c’est à dire il y a quarante ans) où les jeunes « révolutionnaires » libanais, abreuvés de Karl Marx, Sigmund Freud ou Wilhelm Reich rêvaient d’une révolution qui les débarrasserait, en même temps que de leur dirigeants politiques corrompus par le fric, le confessionnalisme, le clientélisme et le tribalisme, de la masse d’hypocrites en soutanes ou en turbans qui prétendaient règlementer leur vie jusque dans leur culotte.
De toute évidence, le temps est venu de balayer à la fois tyrans en brodequins et religieux attardés. Et la seule chose qui pouvait faire disjoncter leur ordre archaïque était de leur montrer un corps nu tel qu’ils le désirent mais qu’ils ne savent qu’interdire.
Entrée de plain pied dans la galaxie de la grande surréaliste égyptienne Joyce Mansour, Alia Magda Al Mahdi va encore plus loin que ses sœurs Joumana Haddad, Darina Al Joundi, Salwa Al Noueimi, Lamia Ziadé qui avaient jusque là réussi à libérer la langue.
A son corps défendant elle libère aussi les yeux, la tête et l'esprit et vient rappeler à tous les bigots frustrés et obscurantistes que la femme est non seulement l’avenir de l’homme mais aussi son origine. Si autre chose qu’être couverte de gloire et de fleurs devait lui arriver, ce serait une grave atteinte à l’humanité même.